mardi 21 octobre 2008

Back to the roots

Enfin !
Enfin des voyages en avion. Enfin une valise à faire. Enfin des vignes.
Rien que pour ça, j’ai bien fait de changer de boulot. J’ai sans doute fait tous mes voyages de l’année dans la même semaine, mais ça valait le coup.

Commençons par le moins bien. Donc, commençons, une fois n’est pas coutume, par la fin. Pauillac. Réunion marketing chez la baronne et visite du mouton aux frais de la princesse. Dans le principe j’étais ravie. Evidemment effrayée par la réunion du matin, car on ne change pas une équipe –stressée- qui gagne, mais plutôt contente d’aller découvrir les secrets d’un autre grand cru médocain. Et bien point de secrets, point de surprise, point de magnificence. A commencer par le château, caché derrière de hautes palissades… je comprends que la baronne veuille son intimité, mais mon esprit de princesse Walt Disney en a pris un sacré coup.
Le cuvier n’avait rien d’impressionnant non plus, même en pleins remontages… plutôt la frustration de ne pouvoir approcher de plus près ! Ce fut ensuite la descente, non pas aux enfers, mais dans les profondeurs des caves du Mouton, qui fleurent bon le salpêtre et sont plongées dans le noir. On devine derrière de hautes grilles les caves privées de la baronnie, bien fournies , une collection sans doute unique au monde… mais qu’on ne peut que deviner, malheureusement. Idem pour les « archives » de Mouton Rothschild, 12 bouteilles de chaque millésime précieusement gardées ensemble pour la mémoire…dans l’obscurité itou ! On arrive au chai de première année, réputé comme LE chai. Il fut sans doute l’un des premiers à mesurer cette taille là, il est vrai… mais a désormais été rattrapé et dépassé. Il est effectivement grand, imposant, rutilant, surtout avec ses barriques neuves qui n’attendent plus que les prémices du millésime 2008.
Le musée de « l’art dans le vin » présente aussi une jolie collection, je ne suis pas assez connaisseuse en art pour l’apprécier pleinement sans doute, mais j’ai trouvé que la présentation manquait d’interactivité et de modernité. Très peu, trop peu d’explications pour une béotienne comme moi…
Arrive ensuite, et enfin, le moment de la dégustation. Rhaaaaaa ! enfer et damnation ! on nous a seulement réservé du millésime 2007, prélevé sur fût, tout neuf et rutilant… mais encore dépourvu de charme. On sent certes de l’étoffe, de la matière… mais on sent aussi beaucoup les fûts de chêne neufs et rutilants…difficile donc de se faire une idée de ce qu’est un mouton un peu plus mûr.
Je n’ai quand même pas tout détesté. Mouton Rothschild garde au moins le charme de ses étiquettes, changeantes à chaque millésime et à chaque fois réinventées par les plus célèbres : Picasso, Miro, Kandinsky, Keith Harring…Ca fait quand même une sacré brochette, pour un méchoui !

(suite au prochain épisode)

mardi 7 octobre 2008

Oh la belle (sur) prise!

On disait donc le poisson chat gastronome. Il s'avère que la grenouille l'est aussi. Une jolie affaire de goût. C'est donc non sans étonnement mais surtout avec ravissement que je me suis vue, hier soir pour dîner, passer la porte de l'institution bruxelloise dénommée "Belga queen". Le lieu est grandiose. Imaginez une ancienne banque, toute de marbre vêtue, plafond fait de vitraux... garçons en noir avec grand tablier blanc... en un mot: la classe. Hum hum j'ai bien fait de me changer et de sortir mes bijoux de gala (enfin ceux qui me restent). Evidemment, quand vous entrez dans un lieu mythique mieux vaut avoir réservé. D'où une petite heure d'attente dans le sous sol de la banque... autrement dit la salle des coffres. Pour de vrai, hein. Avec l'énorme porte blindée et tous les coffres numérotés... quelques palmiers gravés sur verre devant qui donnent une ambiance à mi chemin entre le kitsch/disco et l'odeur de lupanar pour businessmen et grandes blondes décolorées. Cocktails au poil, Cosmopolitan et Manhattan, pensez vous, si après ça on n'est pas vraiment assortis... et cigarillo cubain. Quitte à sortir, ne jamais faire les choses à moitié. Le cosmopolitan est parfait, le cigare tout à fait bien et le seul bémol vient du CD des remixes de Whitney Houston qui tourne en boucle...
Peu importe c'est l'heure de passer à table dans le somptueux hall de marbre.
Détour par les toilettes où j'ai le même réflexe que le japonais qui entre derrière moi: petit temps d'arrêt et "waow!". Que voulez vous, je suis jeune et impressionable et je vous garantis qu'ils n'ont pas lésiné sur le décor...
Menu autour des classiques gastronomiques belges et internationaux: huîtres, foie gras, croquettes, carpaccio et américain...
Nous entamons par 9 jolies huîtres, normandes paraît il. Un verre de sauvignon, une coupe de champagne. Le sauvignon s'avère léger, à peine assez sec, tandis que la minéralité du champagne épouse parfaitement ce hors d'oeuvre.
Pour moi, ce sera ensuite émincé de boeuf charolais, avec une délicate sauce parfumé aux éclats de café et accompagné d'un fromage belge tout à fait exquis qui rappelle le parmesan, et dont je n'ai même pas réussi à retenir le nom. Nous blâmerons le champagne. Un des meileurs carpaccios que j'ai dégusté. Le meilleur sans doute. Le moelleux du boeuf, la chaleur de l'huile avec le léger croustillant des éclats de café. leur note torréfiée répond à la force des copeaux de fromage. Belle harmonie embellie d'un Rully tout à fait remarquable. Joseph Drouhin, je crois.
Ceci sera suivi de coucou de Malines (Et oui depuis que je sais ce que c'est, je fais ma ... maligne!), cuit au four sur lit de pain d'épices, accompagné de petits légumes frais et croquants et de quelques chips. Ces dernières sont sans doute l'élément le moins réussi. La sauce est sucrée et légèrement épicée, et donc parfaitement mise en valeur par un verre de ... Sauternes.
Le naturel revenant toujours au galop, devant la carte des desserts, je me précipite vers la trilogie de mousses aux chocolats. Sans doute le plus décevant car sans réelle surprise. Peu importe, puisque la surprise est ailleurs, dans ce gigantesque bouquet de fleurs que m'apporte la chef de salle au même moment...je n'arrive ni à me cacher sous la table ni à exprimer l'effet que ça peut me faire..

Au cas où je ne l'aurais pas suffisamment répété: la grenouille, tu m'as scotchée...