dimanche 7 décembre 2008

"Melanosporum"

A la recherche de la truffe. Tel était le programme de ce WE qui semblait prometteur. Prometteur car Languedoc Roussillon, prometteur car Domaine Gérard Bertrand, prometteur parce que WE à 2 et enfin prometteur parce que l'on nous avait promis une initiation à la recherche du champignon le plus cher du monde...

Départ en fin d'après midi en 4x4 sur un chemin abrupt parcourant le massif de la Clape, un promontoire rocheux du côté de Narbonne, mais pour les détails géologiques, il faut voir la grenouille. Le ton est donné: on nous explique que l'endroit est secret et qu'il est exceptionnel qu'on nous y emmène. Que toute personne étrangère au service qui serait aperçue empruntant ce chemin serait sans doute assez vite interrogée sur ses intentions.

Le chemin en question ne mène pas à une mine d'or mais encore mieux: une truffière. Autrement dit, une plantation de chênes truffiers.



Là, un grand spécialiste de la petite chose noire, Mr Philippe Barrière commence à nous expliquer les tours et détours de ce met de luxe... qui ne le fut pas toujours. A l'époque médiévale, les paysans qui devaient donner à leur seigneur la totalité de leur récolte devaient creuser la terre et se nourrir de ces drôles de tubercules!

Trois méthodes pour les trouver, nichées sous terre... le cochon tout d'abord, car les arômes princiers de la truffe lui rappellent ceux de sa truie bien aimée. La mouche ensuite. Une espèce de mouche bien particulière qui a besoin du mycélium de la truffe pour se reproduire. Là où elle se pose: creusez! Le chien enfin avec son nez, 400 fois plus développé que le notre. Pas d'erreur, sitôt lachée la bête renifle, court, renifle, creuse... et goberait bien la truffe si son maître ne lui confisquait pas aussitôt contre récompense. L'exercice est captivant. L'odeur de la terre aussi. Le tout vient avec une série d'explications sur le milieu naturel dans lequel évolue l'or noir. Un milieu encore peuplé de mystère. Personne ne sait comment se reproduit la truffe, si ce n'est qu'elle naît du mycélium, un long filament... on la trouve presque toujours au Nord Ouest du chêne truffier, là où l'arbre fait son ombre. Le sol y est dégagé: quand le mycélium s'installe il tue tous les autres végétaux créant un "brulé" sorte de croissant où les chiens viendront poser leurs truffes à eux.

Après la séance nous regagnons le domaine, les poches gonflées de presque 400g de récolte. Une récolte presque miraculeuse tant la présence de la truffe est aléatoire...


Voici venue l'heure de la préparation: brossage soigneux puis découpage en fines lamelles à l'aide d'une mandoline... et là le meilleur arrive: la dégustation! Beurre truffé d'abord, préparé quelques heures auparavant, accompagné du vin rouge du domaine de Villemajou, en Corbières, un millésime 98, rien que ça!

Puis truffe nature: juste une lamelle que l'on laisse contre le palais pour sentir toute l'élégance des arômes du champignon...

Enfin, petit toast, lamelle de truffe, grains de sel, et filet d'huile d'olive. Avec un peu de Villemajou blanc. Tout cela est d'une grande simplicité et tout simplement délicieux. Les arômes floraux du blanc s'accordent à la finesse de la truffe.

Dans une heure et demi, nous allons dîner, et goûter la truffe sous tous ses états...